lundi 24 juin 2013
La Saint Jean
Encore un grand rendez-vous de tout le village, aux beaux jours.
Quelques adultes, avec le comité d'animation de la mairie, préparent dès la veille de la St Jean (le 21 juin), une immense tour d'arbres et de branchages.
Chaque enfant émerveillé suppute déjà la hauteur des flammes, se demande
- si le grand pantin va bien bruler d'un coup,
- si Jeanne d'Arc a bien rôtie d'un coup sans se bruler,
- si les pipistrelles peuvent se bruler les ailes en passant au dessus et les oies?...
- Si demain le ciel sera tout rouge?
- et si je pourrais jeter une branche dans le feu qui sèche le front
- et si mes parents me laisseront aller danser tout près des flammes, avec mes copines et copains,
- et si on aura du coca comme les autres années.
Et si on se couchera le plus tard possible pour fêter le solstice d'été, dans ce lit bien chaud bien doux bien rassurant qui me porte à cette heure là vers les nuages du sommeil....
La Seille à Lanfroicourt
Une rivière bien calme - la plus plate de France, dit on - qui apporte sa touche changeante à chaque saison au village de Lanfroicourt, qui la regarde de haut se pavaner dans les grasses prairies.
Née dans la région des Étangs, la Seille traverse le Saulnois bien en amont (voir l'excellent Musée d'Art nouveau de Vic sur seille) dans le secteur du Parc Naturel de Lorraine. Elle est alors bordée de plantes de milieux salés comme au bord de mer.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Seille_%28Moselle%29
A la hauteur de Lanfroicourt, la Seille délimitait la frontière franco-allemande entre 1871 et 1914 : les limites actuelles entre les départements de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle sont héritées de cette frontière définie au Traité de Francfort de 1871. En face Aboncourt donne la réplique depuis la Moselle où les enfants allaient à "l'école allemande" entre 70 et 14 (remarquer l'accent). Lanfroicourt a été le dernier village avant la douane de Manhoué.
http://www.annuaire-mairie.fr/mairie-aboncourt-sur-seille.html
Un peu sauvage dans cette petite vallée, la Seille se fait remarquer l'hiver en sortant de son lit, parfois toute habillée de glace et de brumes, admirée par les buses blanches descendues du grand nord de l'Europe. Ses berges enneigées sont striées de parties de luges tonitruantes. Et si ses glaces le permettent en février, on s'essaie à des glissades sans fin.
www.tourisme-valdelorraine.com/
Au printemps, pour nourrir leurs oisillons, le Milan noir recommence à pêcher, la buse à chasser les mulots des prairies. Puis le coucou cherchera son nid bruyamment; une pièce dans la poche au premier chant entendu garantit richesse toute l'année.
Mais c'est le Milan Royal, majestueux qui annonce le début des beaux jours. Sous lui, les veaux sortis tous fripés de leurs étables s'égayent sur les berges vertes, sans émouvoir les adultes bovins tout occupés à leur rumination paisible.
La huppe traverse rapidement la vallée d'été pour rejoindre le piaillement de l'alouette "paie tes dettes" au dessus des champs de blés. Les enfants occupés, entre deux repas plantureux, à mille jeux de cabanes en cabanes les précèdent à travers haies et bois, furtivement ou bruyamment en conspirateurs avisés.
En automne les colchiques, les rosés des près et les fluets mousserons ..... accompagnent dans les chaumières l'odeur des cahiers neufs et des livres pleins de promesses pour petits et grands qui se retrouvent avec plaisirs.
lundi 15 avril 2013
Décousu mais si charmant!
En te parlant
Je poursuis ma couture.
Ça s'entend:
ton propos est décousu.
Grunge soit il!
Image empruntée à Nicolas Guilbert que je vous engage à suivre au moins pour ses qualités de peintre, de photographe, de graphiste et surtout pour son humour irremplaçable. http://nicolasguilbert.fr/
Je poursuis ma couture.
Ça s'entend:
ton propos est décousu.
Grunge soit il!
Image empruntée à Nicolas Guilbert que je vous engage à suivre au moins pour ses qualités de peintre, de photographe, de graphiste et surtout pour son humour irremplaçable. http://nicolasguilbert.fr/
samedi 9 mars 2013
La ballade de l'impossible Haruki Murakami
Le roman s'attache au souvenir des deux premières années de faculté d'un étudiant en suivant la relation fragile qu'il entretien avec une fille qui vit dans un univers lointain du sien.
Lui même traverse comme malgré lui les découvertes des personnalités des filles, les caractères des autres étudiants du foyer, la ville et ses espaces de la nuit.
Faut il être prétentieux ou terriblement innocent pour oser écrire quelque chose d'un roman si habilement conçu. D'un auteur si reconnu. Tant pis je me lance dans le grand bain avec l’appétit de qui découvre tout avec de grands yeux comme si n'avait existé avant lui. C'est sans doute le cas .
Le roman - pourtant bien dense - semble ne jamais abordé l'intrique qui finalement ne s'offre pas plus que la vie ne peut être prédéterminée, construite et reste subie par le personnage principal.
Constamment guidé par le fil directeur de ses relations et rencontres, bouleversé par les émotions et sentiments que ces expériences suscitent en lui, on revit avec le personnage principal ces années troublantes d'université, coupés du cordon ombilical familial et scolaire, devant assumer solitude et personnalité qui se découvre à travers l'expérience intime des autres.
Et bien sûr les questions abyssales de la vie: l'amitié et l'amour, la vie et la mort, la solitude et les relations, l'habituel de son quotidien et l'inimaginable univers des autres... bref cette entrée dans la vie, la sortie du nid si risquée/mortelle - chez la plupart des espèces dont les humains - mais en contre point si triste et si enthousiasmante/mée. Le tout sur le fond des années 70 qui ont autorisé une liberté d’agir et d'être sans trop s'embarrasser du passé.
C'est sans doute pour l'évocation si tendre de cette fraiche ambiance des années 70 et d'université que j'ai le plus apprécié ce roman. J'ai du m'y tenir dans sa première moitié pour ne pas abandonner un fil directeur trop ténu. Une sensation de bien être persistante m'a accompagné après avoir tourné la dernière page. Et peut être une invitation à reprendre ma vie à l'éclairage de ces années pour rester jeune, pour toujours.
Illustration avec une photo de Berni Stéphanus : http://www.stephanus.com/
Lui même traverse comme malgré lui les découvertes des personnalités des filles, les caractères des autres étudiants du foyer, la ville et ses espaces de la nuit.
Faut il être prétentieux ou terriblement innocent pour oser écrire quelque chose d'un roman si habilement conçu. D'un auteur si reconnu. Tant pis je me lance dans le grand bain avec l’appétit de qui découvre tout avec de grands yeux comme si n'avait existé avant lui. C'est sans doute le cas .
Le roman - pourtant bien dense - semble ne jamais abordé l'intrique qui finalement ne s'offre pas plus que la vie ne peut être prédéterminée, construite et reste subie par le personnage principal.
Constamment guidé par le fil directeur de ses relations et rencontres, bouleversé par les émotions et sentiments que ces expériences suscitent en lui, on revit avec le personnage principal ces années troublantes d'université, coupés du cordon ombilical familial et scolaire, devant assumer solitude et personnalité qui se découvre à travers l'expérience intime des autres.
Et bien sûr les questions abyssales de la vie: l'amitié et l'amour, la vie et la mort, la solitude et les relations, l'habituel de son quotidien et l'inimaginable univers des autres... bref cette entrée dans la vie, la sortie du nid si risquée/mortelle - chez la plupart des espèces dont les humains - mais en contre point si triste et si enthousiasmante/mée. Le tout sur le fond des années 70 qui ont autorisé une liberté d’agir et d'être sans trop s'embarrasser du passé.
C'est sans doute pour l'évocation si tendre de cette fraiche ambiance des années 70 et d'université que j'ai le plus apprécié ce roman. J'ai du m'y tenir dans sa première moitié pour ne pas abandonner un fil directeur trop ténu. Une sensation de bien être persistante m'a accompagné après avoir tourné la dernière page. Et peut être une invitation à reprendre ma vie à l'éclairage de ces années pour rester jeune, pour toujours.
Illustration avec une photo de Berni Stéphanus : http://www.stephanus.com/
vendredi 8 mars 2013
Journée de la femme épigénétiquement reconnue
Pour fêter ce 8 mars, j'ai retenu un évènement.
L'ouverture de la nouvelle chaire d'épigénétique au collège
de France par Edith Heard qui dirige une unité de Génétique et biologie
du développement (CNRS, INSERM,Institut Curie).
Epigénétique dont
on attend avec impatience des éclaircissements sur la manière dont
l'environnement influe sur les transmissions héréditaires. En
particulier cette manière bien particulière qu'ont les mères de faire
exprimer, chez leur enfant, certains gênes parmi tout le potentiel
hérités des parents.
De même attend on plus de clarté sur les transmissions non chromosomiques - dont l'imposant apport cytoplasmique de l'ovule - pour en finir avec le culte de l'ADN modelé sur le modèle social du couple bipolaire mâle femelle qu'on traine depuis la nuit des religions.
Coups d’œils et clins de chapeaux multiples aux femmes.
dimanche 24 février 2013
Liberté conditionnelle
Un autre Akira Yoshimura: liberté conditionnelle.
On suit les ruminations d'un prisonnier à perpétuité - pour le meurtre par jalousie de sa femme et de la mère de son amant - à sa sortie en liberté toute relative. En découvrant, hors les contraintes administratives de la conditionnelle (référer à ses tuteurs de ses agissements) les inconvénients du tohubohu extérieur dans la crainte d'être découvert, le personnage principal a bien du mal à renouer avec les autres. Même via les étales transitionnelles - un peu schématiques - de l'appartement personnel, des poissons rouges, de l'épouse désignée.
J'ai focalisé ma lecture de cette situation - où le personnage (Kikutani) admet avoir commis un acte originel comme une réalité qu'il ne peut effacer - sur le processus de transformation au delà du "gel de la prison".
L'auteur montre bien que la chappe de l'oubli ne libère pas l'esprit des tortures, des cauchemars ou des remords.
Le passé pourrait être dépassé pour revivre la "faute originelle" et la transcender, dans un mouvement accompagné par le regard des autres. Mais voilà cet espoir est déçu: Kikutani craint ce regard vécu comme perpétuellement accusateur . Il a de moins en moins conscience d'avoir commis une faute, mais d'avoir été manœuvré sans colère ni haine dans l'accomplissement de ses crimes dont le souvenir ne lui inspire plus aucune empathie envers ses vivictimes. Et il s'enferme .
Le cadre lui même; les lieux ne renvoient même plus à Kikutani les images/sensations réparatrices attendues.... rien n'efface la conscience de sa faute. Ni les poissons rouges qui semblent le réhabiliter à la vie, ni l'épouse ménagère gentiment imposée n'arrivent à le sortir du monde dans lequel il vivait retiré.
J'ai rapproché cette incapacité à la compassion aux autres, qui en retour oblige à se claquemurer, au commentaire qu'Alain Finkelkraut (1) fait de l'attitude d'Henrik - personnage des Meilleurs intentions de Bergmann - :
"en refusant de délier ses grands parents de leur faute - la révocation de leur fille - Henrik s'enferme avec eux. Il subit la peine qu'il inflige. Il ne les laisse pas sortir mais lui non plus. Il se condamne à la macération perpétuelle. Il fait les cent pas dans sa mémoire comme le prisonnier dans sa cellule".
Je rapproche cette attitude à la manière dont les bourreaux ont été "pardonnés" par la population rwandaise dans certains villages, et se sont sentis d'eux mêmes devoir à jamais réparer en aidant la population.
Je pense aussi, dans un autre registre, à ces interactions étudiées entre les animaux: ceux qui émettent des attitudes "d'empathie" ou d'entraide sont ceux qui sont aussi le plus destinataires des attitudes bienveillantes de leurs congénères (cf. Jean Claude Ameisen).
Et je me dis que les pays/populations qui ont vécu des traumatismes importants (par exemple les conquérants, envahisseurs, comme le furent les japonais) ne doit pas aider les générations suivantes à se défaire de la culpabilité des atrocités commises par leurs ainés.
Tout ça me rapproche de la gestion sociale de l'empathie. Mais tout reste à mettre en œuvre. A commencer par moi même.
Akira Yoshimura - Liberté conditionnelle - Babel - Actes Sud - 2012.
Alain Finkelkraut - Et si l'amour durait . Stock - 2011
Ingmar Bergmann - Les Meilleures intentions - Gallimard 1992.
On suit les ruminations d'un prisonnier à perpétuité - pour le meurtre par jalousie de sa femme et de la mère de son amant - à sa sortie en liberté toute relative. En découvrant, hors les contraintes administratives de la conditionnelle (référer à ses tuteurs de ses agissements) les inconvénients du tohubohu extérieur dans la crainte d'être découvert, le personnage principal a bien du mal à renouer avec les autres. Même via les étales transitionnelles - un peu schématiques - de l'appartement personnel, des poissons rouges, de l'épouse désignée.
J'ai focalisé ma lecture de cette situation - où le personnage (Kikutani) admet avoir commis un acte originel comme une réalité qu'il ne peut effacer - sur le processus de transformation au delà du "gel de la prison".
L'auteur montre bien que la chappe de l'oubli ne libère pas l'esprit des tortures, des cauchemars ou des remords.
Le passé pourrait être dépassé pour revivre la "faute originelle" et la transcender, dans un mouvement accompagné par le regard des autres. Mais voilà cet espoir est déçu: Kikutani craint ce regard vécu comme perpétuellement accusateur . Il a de moins en moins conscience d'avoir commis une faute, mais d'avoir été manœuvré sans colère ni haine dans l'accomplissement de ses crimes dont le souvenir ne lui inspire plus aucune empathie envers ses vivictimes. Et il s'enferme .
Le cadre lui même; les lieux ne renvoient même plus à Kikutani les images/sensations réparatrices attendues.... rien n'efface la conscience de sa faute. Ni les poissons rouges qui semblent le réhabiliter à la vie, ni l'épouse ménagère gentiment imposée n'arrivent à le sortir du monde dans lequel il vivait retiré.
J'ai rapproché cette incapacité à la compassion aux autres, qui en retour oblige à se claquemurer, au commentaire qu'Alain Finkelkraut (1) fait de l'attitude d'Henrik - personnage des Meilleurs intentions de Bergmann - :
"en refusant de délier ses grands parents de leur faute - la révocation de leur fille - Henrik s'enferme avec eux. Il subit la peine qu'il inflige. Il ne les laisse pas sortir mais lui non plus. Il se condamne à la macération perpétuelle. Il fait les cent pas dans sa mémoire comme le prisonnier dans sa cellule".
Je rapproche cette attitude à la manière dont les bourreaux ont été "pardonnés" par la population rwandaise dans certains villages, et se sont sentis d'eux mêmes devoir à jamais réparer en aidant la population.
Je pense aussi, dans un autre registre, à ces interactions étudiées entre les animaux: ceux qui émettent des attitudes "d'empathie" ou d'entraide sont ceux qui sont aussi le plus destinataires des attitudes bienveillantes de leurs congénères (cf. Jean Claude Ameisen).
Et je me dis que les pays/populations qui ont vécu des traumatismes importants (par exemple les conquérants, envahisseurs, comme le furent les japonais) ne doit pas aider les générations suivantes à se défaire de la culpabilité des atrocités commises par leurs ainés.
Tout ça me rapproche de la gestion sociale de l'empathie. Mais tout reste à mettre en œuvre. A commencer par moi même.
Akira Yoshimura - Liberté conditionnelle - Babel - Actes Sud - 2012.
Alain Finkelkraut - Et si l'amour durait . Stock - 2011
Ingmar Bergmann - Les Meilleures intentions - Gallimard 1992.
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